Le journal de dyonosos 3

                                                                       Le chemin de la Liberté

Il y a quelques jours l’Ukraine a célébré avec  faste les 27 années de son indépendance. C’est une date, le 24 août 1991, qui pour l’Ukraine a une belle signification. En effet, en regardant en arrière, l’Ukraine n’a pas eu l’occasion d’être longtemps indépendante. L’indépendance, qui fut proclamée le 21 janvier 1918 fut éphémère, elle  ne dura que trois ans, puis l’Ukraine fut occupé par ses voisins. Il faudrait remonter encore plus loin pour voir l’Etat des cosaques zaporogues, et la Rous qui fut l’ancêtre de l’Ukraine.

Bref, comme différents peuples qui n’avaient pas longtemps d’Etat, l’Ukraine est aujourd’hui indépendante. Certes, le voisin russe est toujours aussi menaçant, mais l’Ukraine contrairement à 1918 a trouvé « deux bouées  de sauvetage » qui s’appellent  l’Union Européenne et les Etats-Unis, ce que malheureusement en 1918, le jeune état ukrainien n’en n’avait pas. Les puissances de l’Entente  préféraient soutenir alors la Russie tzariste, et la Pologne de Pidsulski.

Maintenant regardons le présent, l’Ukraine est indépendante, mais elle a un long chemin à parcourir. En effet, si sa situation internationale est plutôt favorable, par contre, sa situation intérieure est difficile. La société post-soviétique est omniprésente, à tous les échelons, que ce soit au niveau du travail, de la santé, des différents services communaux et de l’écologie, c’est la corruption qui y règne. Les oligarques qui sont aux pouvoirs ont le monopole économique et contrôlent tous les leviers du pouvoir. Face à cela, heureusement il existe une société civile, que sont les différentes associations, les journalistes, les réseaux sociaux, et grâce à eux, il existe un pluralisme. On ne peut que leur rendre hommage car c’est eux, qui sont à l’origine des deux révolutions ukrainiennes qui ont été faites contre l’arbitraire, il s’agit de la « Révolution Orange » en 2004 et de l’Euromaidan fin 2013 et début 2014, que l’on nomme « la Révolution de la Dignité ».

L’Ukraine veut être européenne et rompre définitivement avec l’univers post-soviétique dont le symbole est aujourd’hui la Russie Poutinienne. Pour arriver à ce résultat, il faut que la société soit imprégnée de valeurs qui sont européennes, notamment la citoyenneté, la laicité, l’égalité des sexes, le libre choix de son orientation sexuelle…En effet, en parlant avec beaucoup de personnes, on peut constater, que toutes ces notions ne sont pas encore vraiment imprégnées dans la société ukrainienne, et plus particulièrement, chez les personnes, qui vivent  dans les campagnes . On pourra m’objecter que ce sont des faits que l’on rencontre dans les différents pays de l’Union Européenne, et l’Ukraine dans ce domaine ne fait pas figure d’exception…Certes, mais est-ce une raison pour « s’en contenter»…? L’Ukraine c’est le bien de tous ses citoyens, et raison de plus d’agir dans ce sens comme le font de nombreux Etats de l’Europe pour que des personnes, et des groupes de personnes, ne se sentent pas exclus de la société.

De même, que ce soit la langue ukrainienne, et la connaissance de son histoire, « une révolution identitaire » s’impose après 27 années d’indépendance. Est-il normal de constater que dans les domaines publics de la société tels l’administration, les écoles, l’université, l’armée, que l’ukrainien malgré son statut officiel, n’est pas encore assez utilisé après 27 années d’indépendance ? Est-il normal de constater aussi qu’une majorité d’ukrainiens ne connaissent pas l’histoire du pays ?

 Un autre pays fut très longtemps occupé, et son histoire fut aussi occultée, c’est l’Irlande par l’Angleterre, mais les irlandais moyens aujourd’hui connaissent leur histoire, c’est vrai, qu’ils ont proclamé leur indépendance en 1916... L’anglais domine encore aujourd’hui la société irlandaise par rapport au gaelique  (la langue irlandaise), et l’Irlande existe malgré tout… mais est-ce là aussi une raison pour « s’en contenter », et dire que l’Ukraine va exister malgré tout comme l’Irlande…? Il y a là une différence de taille, le russe et l’ukrainien sont deux langues slaves, elles sont proches, ce qui n’est pas le cas du gaélique par rapport à l’anglais… De ce fait, le risque d’assimilation à la langue russe  est d’autant plus grand… une politique plus rigoureuse des pouvoirs publics s’impose, même si officiellement, des efforts ont été faits dans ce domaine récemment.

Voilà donc les problématiques à défier dans l’avenir. Ils constituent le chemin de la Liberté à franchir pour que ce grand pays qui est l’Ukraine, puisse ainsi confirmer son indépendance et sa vocation européenne.