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politique

Le mythe de la langue universelle.

par Bogdan Mytrowytch

publié dans Politique

 

La situation de la langue ukrainienne en Ukraine n’est pas « au beau fixe » même si l’Ukrainien d’un point vu formel est considéré comme la seule langue officielle en Ukraine. Ce qui signifie, que dans tous les lieux publics comme l’administration, les réunions officielles, dans l’enseignement, les gens sont tenus de parler en ukrainien. C’est le cas en principe pour chaque pays : le français en France, l’allemand en Allemagne, le Russe en Russie…
Le problème en Ukraine, c’est que vingt- cinq ans après l’indépendance, il y a une grande partie de la population, qui n’utilise toujours pas l’Ukrainien comme langue courante, où ne connait pas du tout l’ukrainien, et ce qui est encore plus préoccupant, c’est les personnes qui ne veulent pas le parler. Notamment, ce genre de problème on le rencontre dans les régions, qui sont encore fortement soviétisées comme celle d’Odessa, Kharkiv, Dnipro (Ancien Dniepropetrovsk) et le Donbass... Notons aussi un facteur colonial assez classique, c’est dans les grandes agglomérations que l’on constate ce genre de problème, par contre, dans les villages la langue ukrainienne et le « Sourgik » (mélange de l’ukrainien et du russe) sont présents chez les habitants.

Certes, la langue ukrainienne est maintenant assez largement utilisée dans des régions de l’Est comme Poltava, Krivij-Rih ou Sumy qui est à la frontière de celle de la Russie. C’est aussi le cas maintenant à Kyiv, la capitale de l’état ukrainien. Ce qui marque un réel progrès avec les années précédentes où effectivement au début de l’indépendance, c’était le russe qui était largement prépondérant.

Ce n’est pas pour jeter l’anathème contre la langue russe… Au contraire, la culture russe comme toutes les autres cultures mérite d’être étudiée. Mais ce qui fait mal, c’est par exemple, de voir à la télévision des personnes étrangères, qui ne sont pas d’origines ukrainiennes, et parlant ukrainien, notamment comme l’historien américain Timothy Snyder… alors que beaucoup d’autres, qui le sont, parlent dans la langue « du grand-frère «, et malheureusement ce n’est pas le fruit du hasard historiquement parlant.

En effet, beaucoup de personnes dans le système soviétique avaient un complexe d’infériorité durant la période soviétique. Notamment parlé la langue ukrainienne était considéré comme une marque d’infériorité, c’était « la langue des paysans et des plouks » disait-on, alors que pour bien se faire voir et avoir une bonne situation, il fallait parler russe…

On présentait le russe comme une langue « de communication universelle », et par conséquent dans toutes les républiques soviétiques non-russe, le russe était obligatoire dans les écoles. Elle était considérée en fait comme seconde langue maternelle qui donnaient accès aux études universitaires.

Beaucoup de personnes pensent au nom d’une certaine idéologie, qu’il faut tout uniformiser pour « faire progresser l’Humanité ». Au nom de ce principe, ils sont contre toute diversification. J’ai eu à ce sujet une discussion intéressante concernant le domaine linguistique.

Ce concept « de langue universelle » est d’ailleurs très discutable, que ce soit l’anglais maintenant, ou le français et l’allemand avant, et le russe dans les pays post-soviétiques, c’est vraiment un thème très contestable, dans la mesure où ce concept est instrumentalisé par une idéologie colonialiste et impériale… La preuve, on a voulu faire une langue artificielle nommé « esperanto » qui devait échapper à toute cette instrumentalisation politique, et représentée cette universalité, mais cela n’a pas fonctionné. L’esperanto est parlée aujourd’hui par un petit nombre de personnes.

Par contre, depuis un certain temps, il faut s’en féliciter, à l’ONU et au Conseil de l’Europe, même si l’Anglais et le plus couramment parler, d’autres langues, le sont de plus en plus. C’est le cas aussi pour de nombreux organismes touristiques de différents pays. Des langues, tel que l’espagnol, l’allemand, le français, le chinois et le russe et d’autres sont ainsi utilisées… Les touristes ont donc le choix de parler d’autres langues que l’anglais…ce qui constitue un réel progrès démocratique.

Contrairement à l’idée reçue : La diversité des langues ne gêne pas à la formation des grands ensembles géopolitiques dans le monde. Bien au contraire, c’est une source de richesse et de complémentarité. Des idéologies, tel que l’idéologie soviétique, ont connu un retentissant échec en voulant créer «un homme nouveau : « le soviétique » qui parlerait « une langue soviétique », en fait le russe. D’ailleurs il est curieux de voir que ce n’est pas sous Staline que ce concept fut lancé, mais sous Brejnev…. Il ne faut pas s’y tromper : toutes les idéologies qui parlent « d’un homme nouveau » sont souvent totalitaires, et ce n’est pas un simple hasard…

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