L’Ukraine de la diaspora.

L’Ukraine comme état indépendant a longtemps été inexistant, et les émigrés issus de ce pays avaient du mal de faire entendre la voix de l’Ukraine dans les pays d’accueils car tout simplement on ignorait son existence…et cela malgré l’existence éphémère de la république populaire ukrainienne de 1918 avec ses représentations diplomatiques dans différents pays du monde.

Après la seconde guerre mondiale, une représentation ukrainienne séparée de celle de l’Union Soviétique existait à l’ONU depuis 1945 comme celle de la Biélorussie, mais c’étaient deux états fictifs qui représentaient un apport de voix supplémentaires pour le dictateur de l’Union soviétique qui était Staline. En 1967, à l’époque du rideau de fer, les ukrainiens de la diaspora ont créé une organisation pour coordonnées les activités de différentes communautés des ukrainiens vivants en dehors du bloc soviétique. Le congrès mondial des ukrainiens libre joua ainsi un grand rôle de représentation et d’information sur ce pays asservi. Cette organisation s’est appelée « Le Congrès Mondial des Ukrainiens Libres » (Svitovij Kongress Vilnyx Ukraintsiv-SKVU). Puis lorsque "le rideau de fer" est tombé, elle est devenue « le Congrès Mondial des Ukrainiens »(Svitovij Kongress Ukraintsiv-SKU).

Cette jonction des ukrainiens de l’ex-bloc soviétique, a eu donc un apport considérable à la diaspora ukrainienne tant au niveau de son nombre de personnes, que de son apport intellectuel, y compris la Russie. Rien que dans le continent nord- américain maintenant il y deux millions de personnes d’origine ukrainienne, presque deux millions d’ukrainiens en Russie, et aussi de grandes colonies en Asie Centrale et en Amérique Latine. Il y a des communautés moins nombreuses dans différents pays d’Europe et en Australie. Le Congrès Mondial des Ukrainiens représente aujourd’hui 20 millions de d’ukrainiens éparpillés dans 53 pays… et elle a une voix consultative au sein de l’ONU. Le président actuel du Congrès Mondial est élu tous les cinq ans. Actuellement, c’est un avocat du Canada, Evhen Czolij qui en est le président.

Certes, le congrès et son président ont depuis des années des relations avec les gouvernements successifs de l’Ukraine indépendante depuis 25 ans, ce qui est une bonne chose, mais en tant que partenaire consultatif... Il existe aussi au sein du ministère des affaires étrangères ukrainien un service consacré à la diaspora… Par contre, il n’y a toujours pas des députés à la Verkhovna Rada (le parlement ukrainien) qui représentent la diaspora dans cette institution. Ainsi une diaspora de plusieurs millions de personnes dans le monde entier n’a pas de représentants élus. Trois ans après la révolution d’Euromaidan, que l’on nomme en Ukraine « la révolution de la dignité », la diaspora est donc toujours privée de moyen de pouvoir entendre directement sa voix au sein du parlement ukrainien, de pouvoir participer aux délibérations, et aux votes qui s’y déroulent. A contrario de la France, qui a ses représentants élus au sein du Sénat, et représentent « les français de l’étranger », l’Ukraine ne pourrait t-elle pas prendre justement cet exemple en considération ?

Il faut que la diaspora ukrainienne puisse faire entendre sa voix au sein du parlement ukrainien. C’est une exigence parfaitement légitime et démocratique. La révolution de l’Euromaidan, qui est celle des libertés démocratiques pour les citoyens de l’Ukraine, doit l’être aussi pour ses ressortissants, qui sont à l’étranger. Espérons que cette revendication sera prise en compte dans un avenir proche.